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Accueil>Alliés>La Suisse (maj. 02/01/2002)
 
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La Suisse

L'affaire Crypto AG

Des années 40 à nos jours, la NSA a cherché par tous les moyens à saper l'efficacité des systèmes de cryptographie fabriqués et utilisés en Europe. L' une de ses cibles les plus importantes fut Crypto AG, sociét suisse devenue un des principaux fournisseurs de système de codage et de cryptages après le Seconde Guerre Mondiale.

La NSA s'arrangea pour trafiquer les systèmes de cryptage vendus par Crypto AG afin de pouvoir lire le flux de messages diplomatiques et militaires codés de plus de 130 pays.

L'intervention de la NSA se fit par l'intermédiaire du propriétaire-fondateur de la compagnie, Boris Hagelin, et consista en visites périodiques de "consultants" américains travaillant pour la NSA.

Nora L. Mackabee, une employée à plein temps de la NSA, était du nombre. Un journal américain se procura des copies de documents confidentiels de Crypto AG, lesquels mentionnaient "la présence de Mme Mackabee à une série de discussion sur la conception d'une nouvelle machine de Crypto AG en 1975".

Le but de ces interventions était de s'assurer que le système de codage paraisse sûr aux autres cryptologues, sans l'être pour autant. La solution de la NSA fut de concevoir la machine de façon à ce qu'elle livre la clef utilisée (choisie par l'utilisateur de la machine et donc inconnue de tous) lors de l'interception du message! De plus , pour éviter que cela ne soit trop transparent aux utilisateurs avertis, il fallait que la clef soit envoyée en code; un code différent et uniquement connu de la NSA.

Ainsi, lors de chaque interception d'un message émanant de ces machines, la NSA commençait par lire sa propre partie, codée, du message (les hilfsinformationen) afin d'en extraire le cléf utilisée par la cible et de lire le message.

L'affaire Swisscom-Verestar

L'affaire

Le 18 novembre 2000, la presse hélvetique révéla que, le 4 octobre de la même année, Swisscom a vendu à une société américaine - Verestar - des antennes paraboliques de Loèche, en Valais, et de sept autres stations à Genève, Bâle et Zurich. Cette compagnie américaine serait liée à la NSA ; le risque existerait donc que la Suisse puisse être espionnée grâce à aux installations qu'elle a elle-même construites, ou qu'elle serve de base à ce type d'activités.

Or, un accord signé le 20 mars prévoyait que toute vente importante effectuée par Swisscom soit précédée d'un feu vert de la Confédération: Swisscom doit soumettre pour approbation tout contrat pouvant remettre en question "l'intérêt public et la politique de sécurité". Pourtant, la société n'aurait jamais informé les militaires de la vente des antennes de Loèche.

Pour Verestar, qui se présente comme un spécialiste de "la transmission de la voix et de données ainsi que des services internet à l'intention du Gouvernement américain et des navires de croisière", l'acquisition des antennes de Loèche est "un premier point d'ancrage en Europe" et permettra "de faire la liaison avec tous les satellites situés au-dessus de l'océan Indien", a affirmé lors de l'achat Alan Box, vice-président et directeur général de Verestar.

Les liens troubles de Verestar

Verestar est un provider spécialiste de l'internet et de la communication sans fil. Cette filiale d'American Tower Corporation (Boston, Massachusetts) - qui possède quant à elle 10 300 relais terrestres de communications électroniques - ne semble pas directement connectée, de prime abord, avec les activités d'écoute des services secrets américains.

Pourtant, Verestar a acquis, ces dernières années, plusieurs stations terriennes de transmission par satellite (SNAP). C'est un de ces SNAP qu'elle a acheté à Swisscom à Loèche. Elle en possède maintenant une dizaine dans le monde. Verestar gère également 160 stations de plus petite taille, dont sept achetées à Swisscom, à Bâle, Zurich et Genève.

La seule collaboration avouée entre Verestar et le Gouvernement américain est un contrat liant sa division des télécommunications maritimes et la marine américaine, l'US Navy. Elle lui fournit des services téléphoniques pour déployer sa flotte. Contactée pour commenter ses affaires avec la marine américaine et ses achats à Swisscom, Verestar, basée à Fairfax (Virginie), n'a pas retourné nos appels.

Plus intéressant, Verestar fournit des connections directes à des hubs majeurs de communication internet, les Metropolitan Area Ethernets (MAE). Dans un récent rapport intitulé "Capacités d'interception 2000", le Parlement européen a pointé le doigt sur ces MAE et sur d'autres sites internet comme étant les "oreilles indiscrètes" de la National Security Agency (NSA) sur l'internet.

Enfin, Verestar travaille aussi pour I’US Navy, via son Maritime Telecommunications Network (MTN).

Pour un ancien haut fonctionnaire du Gouvernement américain, le contrat entre Verestar et Swisscom pourrait démontrer que la NSA a décidé d'outsourcer certaines de ses activités à des compagnies privées. Il assimile ces opérations à une sorte de "privatisation des renseignements électroniques". Sous l'appellation "opération Groundbreaker", la NSA a déjà délégué nombre de ses activités "non critiques" au secteur privé. Elle anticipe ainsi sa privatisation qui devrait commencer en juillet 2001.

Epilogue

Finalement, dans un communiqué du 14 décembre, Swisscom annonce :

"le secteur Broadcasting (BCS), qui emploie environ 200 personnes et possède des émetteurs et des réémetteurs sur plus de 400 sites, restera la propriété de Swisscom. L'activité spécialisée de Broadcasting continuera à se développer dans le cadre d'une filiale. Rappelons qu'elle représente aujourd'hui moins de 2% du chiffre d'affaires du groupe Swisscom".

Pourtant, le 10 février 2001, à Washington, un cadre de la société Swisscom a affirmé au correspondant du Monde du Renseignement que la NSA était vivement intervenue en faveur de cet achat, estimé à 100 millions de francs suisses. L’Agence souhaitait disposer de contacts privilégiés avec l’opérateur de ces stations satellitaires.

Les activités de Swisscom A.G. à Loeche présentaient plusieurs intérêts stratégiques. En effet, les satellites de communication (de type Intelsat) possèdent un nombre variable de canaux. Chaque canal peut acheminer des centaines de com-munications (voix et données). Jusqu’à maintenant, en fonction de la participation financière des pays, on attribuait aux opérateurs nationaux un nombre de canaux précis, couvrant des zones géographiques déterminées.

Ainsi, Swisscom, via son centre de Loeche, gérait notamment une grande partie du trafic des communications par satellite entre l’Europe et la région de l’océan Indien, mais aussi entre l’Europe et certaines zones du Moyen-Orient.

Le projet Statos 3

La Confédération développe son propre système de surveillance grâce à des antennes similaires à Loèche dans le cadre du projet Satos 3, destiné à prévenir "les menaces liées à la technologie, au terrorisme et à la prolifération nucléaire".

Il s'agit d'un projet initié dans les années 1990 par Peter Regli, l'ancien chef des services secrets mis à pied après l'affaire Dino Bellasi. Il vise à doter la Suisse de son propre système d'écoute des satellites de télécommunication. Un système identique à celui d'Echelon, mais en modèle réduit. Les antennes nécessaires, qui proviennent de Grande-Bretagne (!), seront installées à Loèche (VS), juste à côté de celles de Verestar, à Zimmerwald et à Heimenschwand (BE). Pour un montant estimé entre 50 et 100 millions de francs. Officiellement, il ne sera utiliser que pour des écoutes à l'extérieur des frontières, puisque la législation en la matière a été durcie en Suisse.

Dans les faits, rien n'empêcherait pourtant Satos 3 de rejoindre le réseau Echelon, même si Adolf Ogi, chef de la défense (DDPS), a toujours assuré qu'il n'y aurait pas de collaboration avec des pays étrangers.

Selon Duncan Campbell, Satos 3 pourrait être un des nouveaux maillons d'Echelon.

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