En Allemagne, les autorités officielles
ne veulent rien entendre de tout cela. Ainsi, lancien
Secrétaire dÉtat Eduard Lintner (CSU),
en poste au ministère de lintérieur de
Bonn, a répondu le 30 avril 1998 à une question
écrite, posée par le député socialiste
Graf, portant sur les activités de la NSA, que le gouvernement
fédéral allemand ne savait rien de plus que
ce quavait dit la presse à ce sujet !
Pourtant,
ce pays fait lui aussi parti des nombreux partenaires de la
NSA, et accueille à Bad Aibling, depuis 1971, une station
d'écoute et d'interception des télécommunications
du programme Echelon.
De
plus, le BSI (Bundesamt für Sicherhei in der Informationstechnik),
chargé de la sécurité des systèmes
d'information, travaille en partenariat avec la NSA sur la
sécurité du Web, à partir du futur cadre
juridique fourni par la Convention du Conseil de l'Europe.
L'héritage
de la Guerre Froide
Les
milieux informés considèrent qu'il y avait,
en RFA, plus de 350 antennes des services spéciaux
américains qui avaient des correspondants dans toutes
les casernes et dépôts d'armes, les aéroports
et les agglomérations. Ils manipulaient des équipements
dirigés vers le Pacte de Varsovie.
Mais,
les services de la NSA captaient également les faisceaux
directionnels de la Poste de RFA qui retransmettaient environ
le tiers environ des communications téléphoniques.
En effet, elle intervenait directement sur le réseau
téléphonique: des journalistes du "Spiegel"
ont découvert à Francfort-sur-le-Main (plaque
tournante des communications téléphoniques en
RFA) l'une de ces stations branchée directement sur
le réseau téléphonique.
Régulièrement
l'Office Fédéral de Protection de la Constition
et l'Office Fédéral de la Police recevaient
communication d'informations sur les "menés terroristes"
et les "courants extrémistes" grâce
aux informations obtenues par l'interception des communications
téléphoniques.
La
NSA disposait de neuf stations d'écoute en RFA (le
long de la frontière avec la RDA) et à Berlin
Ouest.
Ceux
qui ont pu observer ces stations, par exemple à Bad
Abling en Haute-Bavière, disaient qu'il s'agissait
de gigantesques coupoles d'aluminium ou d'un réseau
d'antennes de 300 mètres de longueur et d'une hauteur
de 100 mètres pour les équipements de la plaine
de Lech près de Gablingen, ou, encore, d'une série
de pylônes d'acier comme sur la colline du Teufelsberq
à Berlin Ouest. A chaque type de structure correspond
un type précis de mission.
Bad
Aibling
Cette
base, occupée par l'US Army depuis 1947, fut annexée
par les Etats-Unis en 1952 avant d'être gérée
par la NSA en 1971. Son identifiant est NSA F81.
Son
effectif s'éléve à 750 agents ou militaires
américains. Y sont stationnés l'INSCOM (66th
IG, 718 IG), qui assure le commandement; le NAVSECGRU ainsi
que divers groupes de l'AIA (402nd IG, 26th IOG). Ses
équipements sont essentiellement constitués
de 14 antennes paraboliques (d'un diamètre maximum
de 18 mètres).
Sa
mission officielle est de servir de relais de communications
radio (type HF et satellites) pour le département américain
à la Défense (DOD) et de la Recherche: "rapid
radio relay and secure commo, support to DoD and Unified Commands,
medium and longhand commo HF & Satellite, communication
phyisics research, test and evaluate commo equipment".
En
fait, il s'agit d'une station terrestre pour satellites SIGINT
et pour l' interception des signaux de satellites de télécommunications
(notamment russes). Cette
station sert principalement à écouter l'Europe
centrale et la Méditerranée.
En
mars 200, la presse allemande affirme que que cette station
se conacre à l'espionnage d'entreprises allemandes.
Elle aurait cessé sous la pression des autorités
fédérales et viserait maintenant la Suisse.
Cette
station aurait permis à General Motors d'espionner
l'un de ses cadres, Jose Ignacio Lopez, parti chez Volkswagen
en 1992 avec des documents secrets dans ses bagages. Lopez
fut contraint de démisionner de ses fonctions chez
VW, avant de verser 100 millions de $ à GM/Opel (prétendus
frais d'avocats) et d'acheter pendant sept ans des pièces
de rechange pour un total de 1 milliard de dollars à
GM/Opel. Enfin, il a été reconnu coupable par
contumace en mai 2000 par un jury fédéral des
États-Unis. La NSA avait intércépté
une vidéo-conférence entre Lopez et le directeur
de VW, F. Piëch, qu'elle avait transmise à GM.
La
sortie du réseau Échelon?
La
base américaine de Bad Abling, la seconde installation
la plus importante en Europe après Menwith Hill, devrait
fermer ses portes le 30 septembre 2002. En effet, le Pentagone
a décidé de fermer cette base américaine
dans le cadre d'une réorganisation de ses forces en
Europe.
La
décision de la fermer a été motivée
par les avancées technologiques de l'armée américaine.
Elle aurait en effet décidé de remplacer ses
bases terrestres par des satellites d'espionnage. Cette option
a au moins l'avantage d'être moins voyante.
Avec
les attentats du 11 septembre 2001 et à la suite d'une
décision conjointe germano-américaine, la fermeture
est reportée sin die.
Un
nouveau départ des américains?
Il
n'y a aucun lien, affirme-t-on à Washington, avec les
tensions américano-européennes sur le dossier
irakien et la décision de l'administration Bush de
réduire ou de réorganiser sa présence
militaire à l'étranger, et notamment en Allemagne
où 71.000 soldats américains sont déployés.
Même
si aucun projet définitif n'a été entériné,
la démobilisation d'un certain nombre de soldats américains
présents sur son territoire pourrait être envisagée,
affirme-t-on au Pentagone. L'administration Bush aurait en
fait l'intention de rendre ses troupes plus flexibles, en
les faisant tourner régulièrement et en réduisant
de façon importante les structures permanentes installées
sur le sol allemand.
Mais,
assurent ces responsables, ces changements n'auront pas de
rapport avec les tensions entre Berlin et Washington sur le
dossier irakien. Ils refléteront à l'inverse
la volonté américaine de réorganiser
son armée dans l'objectif de faire face plus efficacement
aux menaces du XXIe siècle, comme le terrorisme.
"Onze
ans après la fin de la Guerre froide, il y a une école
de pensée qui est de revoir le nombre et le type de
forces que nous avons déployées dans différents
pays, alors que les événements changent de nature",
expliquait le 11/02/2003 le porte-parole de la Maison Blanche
Ari Fleischer. Il a ajouté que les Etats-Unis garderaient
cependant comme objectif de maintenir une présence
militaire "pour assurer (la sécurité) de
nos amis et alliés".
Le
porte-parole du Pentagone Tim Blair a pour sa part indiqué
qu'"aucun plan sur le papier" n'avait pour l'instant
été élaboré pour des redéploiements
en Europe. Le 07/02/2003, le secrétaire d'Etat à
la Défense Donald Rumsfeld avait expliqué n'avoir
"aucune idée" de la façon dont les
troupes américaines en Allemagne allaient évoluer.
"Certains
(soldats) vont rester. D'autres vont peut-être être
déployés dans d'autres pays et d'autres pourraient
rentrer aux Etats-Unis", avait-il simplement dit. "Vous
savez, à la fin de la Guerre froide, nos forces avaient
pour objectif de nous défendre de l'Union soviétique.
Aujourd'hui, les menaces sont quelque peu différentes",
ajoutait le chef du Pentagone.
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