Le
Royaume-Uni
En
dépit des déclarations britanniques de fidélité
à la cause européenne, le fait est que ce
rapport de collaboration très étroite dans
la collecte de Signal Intelligence a de très fortes
implications politiques, diplomatiques et économiques,
et pèse effectivement plus lourd que quelque alliance
européenne que ce soit, comme en atteste un document
secret, 1994 Strategy
Summary, préparé par sir John Ayde,
chef du Government Communications Headquarters, le service
britannique qui réceptionne et diffuse le SIGINT:
"Le
rapport sur lUkusa est pour nous de la plus haute
importance, y lit-on. Nous devons fournir à nos partenaires
une contribution dune qualité et dune
quantité telles quils puissent en tirer satisfaction.
Cela peut vouloir dire quil est parfois nécessaire
de mettre également les ressources du Royaume-Uni
au service des demandes américaines."
Pour
Londres, les bénéfices de cette extraordinaire
alliance despionnage sont sans aucun doute énormes.
Non seulement le Royaume-Uni peut avoir accès à
un système global et omnivore quil naurait
jamais pu créer seul, gérer et maintenir à
jour, mais, grâce au pacte UKUSA, il est protégé
contre lespionnage diplomatique, industriel et économique
américain dont ses partenaires européens sont
la cible:
"Tant
que laccord Ukusa restera en vigueur, aucun des quatre
autres pays membres ne pourra penser avoir une politique
extérieure véritablement indépendante",
conclut Hager. Il ne faut donc pas sétonner
si, quand Washington attend son soutien (comme dans la crise
irakienne), Tony Blair, bien quassurant la présidence
de lUE, ne cherche à aucun moment à
construire un consensus européen, mais saligne
immédiatement sur les positions américaines.
Fin
1988, après avoir réfléchi à
léventualité de créer son propre
réseau autonome de satellites espions, le gouvernement
de Margaret Thatcher (qui utilisa ce réseau pôur
piéger ses ministres) avait pris une décision
difficilement réversible en signant un "mémorandum
dentente" ultra secret par lequel le Royaume-Uni
sengageait à intensifier son activité
au sein dUkusa.
Pour
ne pas être trop subordonnée à Washington,
Londres sengageait alors à verser une contribution
de 500 millions de livres en échange du droit de
réorienter sur une cible concernant ses propres intérêts
lun des trois satellites espions de la NSA, à
raison de quatre mois par an au maximum, les exigences de
la NSA ne conservant la priorité quen cas de
crise.
Le
GCHQ
Au
niveau organique, le GCHQ dépend du Foreign &
Commonwealth Secretary (comme le MI6). Ses missions sont
définies par le Ministerial Committee on Intelligence
Service (CSI) que préside le Premier Ministre. Enfin,
les renseignements obtenus remontent vers le Joint Intelligence
Comitte (le cabinet du Premier Ministre) afin d'y être
exploités par la Assesments Staff and Joint Intelligence
Secretariat.
Au
regard de ses "confrères" du Secret Intelligence
Service - MI6 - et du Security Service - MI5 -, il est sans
contexte sur un pied d'égalité. D'ailleurs,
sa position est comparable à celle de la NSA.
Il
dispose aux États-Unis possède d'un bureau
de liaison installé sur la base de la NSA, la Columbia
Annex, située au 7200 Riverwood Drive, dans le parc
de Rivers Corporate, au sud de Columbia dans le Maryland.
La NSA entretient quant à elle une structure identique
sur le site Menwith Hill.
On
estime ses effectifs à 4 500 agents ce qui en fait
le service d'interception le plus important d'Europe.
Par
ailleurs, une de ses entités, le Communications Electronics
Security Group (CESG) est en charge des demandes de certification
des industriels pour leurs logiciels et leur matériels
électroniques ou informatiques. Comme pour les États-Unis,
il existe un risque indéniable qu'un tel "amalgame"
entraîne conduise à l'ajout de backdoors dans
les codes sources des logiciels inspectés.
Menwith
Hill
Elle
a pour mission officielle : "to provide rapid radio relay
and to conduct communications research".
La
plus importante base d'espionnage électronique du monde
est la station NSA Field Station F83 de Menwith Hill, dans
le Yorkshire. Connue au sein de la NSA sous le nom de code
de USD 1000, c'est l'un des quatre centres principaux de gestion
et de traitement des données fournies par les satellites
Sigint, qui écoutent depuis l'espace. Sa deuxième
fonction, Moonpenny, est d'intercepter les données
transmises par les satellites étrangers, qu'ils soient
militaires ou civils.
Description
La
base de Menwith Hill n'est pas mentionnée sur les cartes
de la région. A partir de Leeds, il faut prendre la
direction de Harrogate. Arrivé dans cette ville thermale
aux allures victoriennes, il ne reste plus que quelques kilomètres
à parcourir à travers les paysages verdoyants
et vallonnés des landes du Yorkshire du nord. C'est
là, au milieu des prés délimités
par des murs de pierres sèches que s'est établie
la plus grande base d'espionnage du monde. Le site est entouré
par une simple clôture grillagée qui semble destinée
à arrêter les troupeaux de moutons des alentours
plutôt qu'à véritablement protéger
le site.
Sa
superficie est de 2,270 kilomètres carrés (560
acres), cette station pourvoit à ses propres besoins
d'énergie électrique et est une petite ville
en elle-même: elle contient des maisons, des magasins,
une église et un centre sportif !
La
station a été créée en 1956 et,
en 1974, elle comptait déjà huit antennes satellitaires.
Depuis, on y trouve quelques 30 antennes satellitaires dont
plusieurs d'un diamètre supérieur 20 mètres.
Au moins une des grandes antennes, mais certainement pas l'ensemble
de celles-ci, est une antenne de réception de communications
militaires.
En
1980, cette station employait 400 personnes. En 1996, ce nombre
a triplé pour devenir 1400 personnes. Ces personnes
sont des ingénieurs, des physiciens, des mathématiciens,
des linguistes et des ingénieurs informaticiens, plus
370 employés du ministère de la défence.
Au total, la station F83 employe autant que le MI5 britanique...
Y
coopèrent Anglais et Américains. Pour ces derniers
sont stationnés le NAVSECGRU, la AIA (avec le 451st
IOS) ainsi que l'INSCOM, qui a le commandement de la station.
Le site appartient ministère britannique de la Défense
et est loué au gouvernement américain.
Elle
compte quelques 22 terminaux pour satellites et est également
station réceptrice des satellites de reconnaissance
électronique. Tel les satellites Magnum, Trumpet (150m
de diamètre), Orion (130m) et Vortex (105m). Lors de
la catastrophe de Tchernobyl, le satellite Vortex put intercepter
toutes les communications locales de la police et de larmée
jusquau niveau le plus bas. Ces satellites ont permis
de réduire le nombre de stations au sol. Il est à
noter que lorsque le nom d'un satellite est rendu publique,
son nom de code est immédiatement changer (Chalet >
Vortex > Mercury).
La
station a reçu une récompense pour le support
aux opérations navales des USA dans le Golfe Persique
de 1987 à 1988. En 1991, une autre récompense
lui a été remise pour son support aux opérations
de guerre en Irak (Desert Storm et Desert Shield).
Missions
Au
départ, cette station avait pour tâche l'écoute
de communications commerciales, principalement, puis dans
les années 1980, la station a connu un nouveau bloc
d'opération nommé Steeplebush, afin d'étendre
ses programmes de surveillance satellite. Le nom de code de
cette mission est MOONPENNY.
Au
début des années 1990, un autre bloc Steeplebush
II a été mis sur pied et actuellement, un troisième
bloc, le Steeplebush III est en cours de construction.
C'est
maintenant le site principal des USA pour la collecte COMINT
contre un allié majeur des Etas-Unis, Israël.
Ainsi, son personnel inclut des linguistes antraînés
à l'arabe, l'hébreu, le persan et le farsi.
Menwith
Hill a été récemment étendue pour
intégrer des liens terrestres pour un nouveau réseau
de satellites SIGINT lancés en 1994 et 1995 (RUTLEY).
Le nom de la nouvelle classe des satellites demeure inconnu.
Morwenstow
Cette
base, en Cornouaille, a été ouverte au début
des années 70 avec l'introduction des satellites Intelsat
4; elle utilise d'ailleurs la station télécom
satellite de Goonhille située à 110 kilomètres...
dont elle intercepte les communications.
La
station est desservie par le service de renseignement britannique
(GCHQ) . Elle compte environ 21 antennes satellitaires, dont
trois d'un diamètre de 30 mètres.
Dès
1971, a commencé la collecte systèmatique des
communications (ILC COMSAT). Sa mission était d'intercépter
les communications Intelsat par le biais de deux antennes
de 30 mètres: l'une était orientée vers
l'Océan atlantique et l'autre vers l'Océan Indien.
Cette
CSOS ("Composite Signals Organisation Station")
a diversifié les interceptions et décodages
de téléphones, fax et internet (dadministrations
mais aussi dentreprises privées), et cible également
les satellites régionaux.
En
janvier 1998, un document de la BBC (repris par TTU)
révélait que les services secrets de Sa Majesté
espionnaient les Européens. Un ancien fonctionnaire
anonyme de la section K (Europe) du Government communications
headquarters (GCHQ), lagence dinterception des
communications a raconté comment son agence espionnait
les vieux continent.
Chicksand
En
1964 y fut insatallé un système de réception
AN/FLR-9 (antennes circulaires de 400 mètres de diamètre
pouvant simultanément intércépter et
déterminer l'azimut des signaux radio hautes fréquences
sur autant de directions qu'il y a de fréquences).
La
fonction principale de ce site était l'intercéption
des communications soviétiques et des forces aériennes
du Pacte de Varsovie. Elle était aussi appelée
à collecter l'ILC et le NDC (transmissions diplomatiques
non américaines). A cela s'ajoute la collecte du trafic
FRD (communications diplomatiques françaises).
Bien
que la plupart du personnel de cette station ait été
des membres de l'Armée de l'Air des USA, l'intercéption
diplomatique et ILC a été manipulée par
les employés civils de la NSA dans une unité
appelée DODJOCC.
Chypre
Depuis
l'indépendance de Chypre en 1960, la Grande-Bretagne
a conservé deux bases souveraines dans le sud et l'est
de l'île où sont stationnés près
de 4.200 soldats et qui recouvrent une superficie de 254 km2.
La
base du sud-ouest comprend la garnison d'Episkopi et Akrotiri,
la plus importante base aérienne britannique à
l'extérieur de la Grande-Bretagne.
Celle
de l'est comprend la garnison de Dhekelia et la station d'écoutes
d'Ayios Nikolaos, qui selon des analystes, se révèle
très utile dans la lutte contre les réseaux
terroristes au Moyen-Orient.
La
station de Paramaly est entrée en activité en
2000. On y trouve une unité SIGINT de l'armée
anglaise, ayant pour nom de code UKM 253, y est stationnée.
La
station d'Ayios Nikolaos compte 14 antennes satellitaires.
Ses missions sont réparties entre deux unités
: "Signals Regiment Radio" & "Signals Units"
de la RAF. Sa spécificité tient à sa
proximité avec les Etats Arabes et au fait qu'elle
est située à l'intérieur de plusieurs
zones de couverture des satellites de communications civiles.
L'ancienne
station de Hong-Kong
Créée
à la fin des années 70, en même temps
que la deuxième génération d'Intelsat,
la station équipée de grandes antennes satellitaires.
Son démantèlement a commencé en 1994
et les antennes ont été transférées
en Australie.
On
ne sait pas quelle station a repris les missions d'Hong Kong:
Geraldton, Pine Gap ou Misawa au Japon. Ces missions pourraient
avoir été réparties sur différentes
stations.
L'ordinateur
Dictionnaire de Westminster
En
1991, la télévision anglaise diffusa une émission
sur les opérations de l'ordinateur Dictionnaire de
Westminster, à Londres.
L'émission
affirma qu'il "intercepte secrétement un par un
chaque telex qui arrive à Londres, qui en part, ou
qui traverse la ville: des milliers de messages diplomatiques,
commerciaux et personnels quotidiens. Ceux-ci alimentent un
programme connu sous le nom de "Dictionnaire", lequel
choisit des mots clefs dans la masse de signaux interceptés
et sélectionne des centaines d'individus et de corporations".
L'émission
faisait également remarquer que c'était une
équipe de sécurité employée par
British Telecom qui faisait fonctionner les "Dictionnaires",
bien qu'ils soient contrôlés et utilisés
par le GCHQ.
Pour
note, d'autres "Dictionnaires" seraient présents
à Kojarena, en Australie, dans l'ancienne base d'interception
de Stanley Fort, à Hong-Kong (il ne doit plus y être
!) et au GCHQ de Cheltenham, en Angleterre.
echelon-online@fr.st
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