La Nouvelle-Zélande, membre fondateur
du pacte UKUSA, est la tête de pont d'Échelon
en Asie.
Nicky Hager explique ainsi que les États-Unis voulaient
surveiller la manière dont la seconde économie
mondiale pouvait influencer les États du Pacifique
Sud.
Selon
lui, le GCSB néo-zélandais ("Government
Communications Security Bureau") espionnait le Japon
depuis sa base de Wellington jusqu'en 1989, en analysant les
données lui venant des stations d'écoutes "SIGINT"
américaines.
Après 1990, le bureau a créé une base
à Waihopai, non loin de la ville de Blenheim, recourant
à un réseau sophistiqué de recueil de
données afin d'espionner les transmissions des ambassades
et consulats japonais. Après traitement et traduction,
des rapports parvenaient régulièrement à
la NSA.
Dans
les années 80, Echelon a notamment intercepté
certaines communications concernant des négociations
gouvernementales japonaises au sujet du prix du charbon. Une
indiscrétion qui avait permis aux néo-zélandais
de conclure un accord favorable à leurs exportations
vers le Japon.
Le
siège du GCSB à Wellington
Le
personnel des renseignements de Nouvelle Zélande était
en liaison avec la station Yakima de la NSA depuis 1981, quand
la NSA demanda au GCSB de contribuer à un projet visant
les communications de l'ambassade japonaise.
Jusqu'à l'ouverture de la station Waihopai en 1989,
la Nouvelle-Zélande y recevait les communications japonaises
interceptées à Yakima pour décryptage,
traduction, et transcription dans le format des rapports de
renseignements (la NSA fournissant le programme de décodage).
La
station de Waihopai
Généralités
Elle
existe depuis 1989. Elle fut mise en marche fin 1991, juste
avant la chute du Mur de Berlin. Elle est désignée
sous le nom "SIGAD NZC 333" et porte également
le nom de code de "FLINTLOCK".
On
y trouve une grande antenne d'un diamètre de 18 mètres,
orientée sur des Intelsat 701 en orbite au-dessus du
Pacifique, et une plus petite. Deux dômes contenant
des antennes paraboliques sont dirigés vers les satellites
Intelsat.
D'après
les indications officielles du GCSB, la mission de la station
consiste à intercepter les communications par satellite,
à décrypter et à traiter les signaux.
Etant donné que la station ne dispose que de deux antennes
pour satellites, le service secret néozélandais
ne peut intercepter qu'une petite partie des communications
dans l'espace pacifique. La station n'est intéressante
qu'en liaison avec une autre station dans la même zone.
Hager cite généralement Geraldton en Australie
comme station soeur de Waihopai.
Waihopai
surveille la région Pacifique en interceptant les signaux
au sol des satellites de communications commerciales Intelsat.
Le Japon constitue sa cible principale. Le personnel de la
base estime que 20% des informations recueillies vont directement
aux États-Unis sans être examinées en
Nouvelle-Zélande.
Précisions
et anecdotes
À
partir des années 1995-1996, la base de Waihopai a
renforcé son dispositif et ses cibles. L'une d'entre
elles concerne les intérêts français puisqu'il
s'agit des essais nucléaires de Muruora dans le Pacifique
Sud et le transport de matières nucléaires (dont
du plutonium) entre le Japon et la France. Un transport à
haut risque car le plutonium pouvait servir, en cas de détournement,
à fabriquer un véritable arsenal nucléaire.
Dans ce cas, il est d'ailleurs possible que ce soit l'association
Greenpeace qui ait relayé l'information malgré
elle. L'organisation écologiste avait en effet pris
l'habitude de pister ce type de cargaison. Or elle a déjà
été citée comme appartenant aux ONG qui,
avec la Croix rouge, ont pu faire l'objet d'une surveillance
de leurs communications.
En
1996, après la publication de Secret
Power, Nicky Hager
et le reporter John Campbell filmèrent, par de hautes
fenêtres mal obstruées, l'extérieur et
l'intérieur du centre des opérations. La station,
complètement vide, fonctionnait de façon totalement
automatique. Des lumières clignotaient sur de grands
casiers de matériels informatiques pendant que des
messages étaient analysés et envoyés.
Une rangée d'ordinateurs disposés en fer à
cheval avaient le code "envoi" par intermittence
sur leurs écrans. Enfin, sur le bureau d'un superviseur,
on voit que les manuels utilisés sont ceux pour le
satellite Intelsat assurant les communications du Pacifique
Sud.
D'autres
stations
Lors
d'une visite en Australie, en 1988, Bob Tizard, Ministre de
la Défense de Nouvelle-Zélande, révéla
que la construction de la base de Blenheim, dans l'Ile du
Sud n'était pas destinée aux communications
militaires mais à l'interception des satellites de
communications civiles lancés par des pays du Tiers-Monde,
tels que l'Inde et l'Indonésie.
Par
la même occasion, il révéla la veritable
destination de la station de Kojarena, Geraldton, près
de Perth, dans l'Ouest de l'Australie.
Les
autres équipements
Ils
disposent également de P-3 Orion. En effet, Air
& Cosmos révèle dans son n°1787
(16 mars 2001) que leur modernisation ne serait " plus
prioritaire ".Le Premier ministre constate qu'en dix
ans ils n'ont jamais détecté un sous-marin "
pour la raison qu'il n'y en a pas dans le Pacifique Sud !
".
En
fait, le rôle principal des P-3 néo-zélandais
nest pas la chasse aux submersibles adverses, mais la
veille électronique dans le cadre du dispositif Echelon,
comme sen sont rendus compte à leurs dépens
les agents de la DGSE lors de laffaire du Rainbow Warrior
Un
épisode peu connu
Pendant
le coup d'état de 1999 dans l'îles Fidjii dirigé
par l'homme d'affaire George Speight et un ancien militaire
du Special Air Services (SAS) britannique, Ilisoni Ligairi,
les gouvernements australiens et Néo-zélandais
de Canberra et de Wellington ont pu suivre presqu'en direct
les événements qui se déroulaient dans
l'île.
Vodaphone,
seul fournisseur de services de téléphonie sans
fil de l'île a permis la confection de la liste complète
de tous les participants, petits et grands, du putsch. Les
autorités possédaient la liste de tous ceux
et celles contactés par les putschistes et de ceux
et celles ayant contactés les putschistes.
Les
agences responsables de ces écoutes ont été
surtout le Government Communications Security Bureau (GCSB)
de Nouvelle-Zélande à Waihopai et le Defence
Signals Directorates (DSD) à la base militaire de Geraldton.
Divers
Le
18 décembre 2000, la Nouvelle-Zélande a de décidé,
comme l'Angleterre, de surveiller toutes les communications
électroniques. Cette future loi s'inspire du "Regulation
of Investigatory Powers Act" anglais.
Cela
se traduit par la mise en place de mouchards chez les FAI
pour permettre de suivre ce qui se passe sur leurs serveurs.
De plus, un internaute suspecté sera obligé
de délivrer ses mots de passe et clés de cryptage.
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