Au Japon, et conformément au "Traité
de Sécurité " signé le 2 septembre
1945, les États-Unis entretiennent une base à
Misawa, au nord du pays.
La
station de Misawa
Cette
station, au nord de l'île principale de Honshu, existe
depuis 1948. Elle est dotée depuis cette même
date d'une antenne HFDF. Officiellement, sa mission est d'être
un "Cryptology Operations Center".
Y
sont stationnés des Japonais et des Américains.
Pour ces derniers, on y trouve le NAVSECGRU, l'INSCOM ainsi
que certains groupes de la AIA (544th IG et 301st IS).
Son
nom de code est USA 39. Officiellement, il s'agit d'un "Cryptology
Operation Center". En fait cette station permettrait
d'écouter les satellites russes Molnya ainsi que d'autres
satellites de communication russes.
Les
écoutes se font également par voies aéroportées,
grâce aux célèbres avions espions américains,
les EP-3 . L'un de ces appareils est déjà célèbre
: le 31 mars 2000, suite à une avarie, il est tombé
entre les mains des Chinois et son équipage a été
emprisonné sur l'île méridionale de Hainan.
De
plus, le Japon, en sus des avions de l'US Air Force, posséde
5 appareils de ce genre, qui ont été «
modifiés » aussitôt après la "saisie"
de l'EP-3 américain par les Chinois. Après chaque
mission, les renseignements sont décodés et
analysés au 1er sous-sol top-secret du QG de l'Agence
japonaise de la défense (JDA) située dans le
quartier de Ichigaya, à Tokyo.
Enfin,
le parlement de Tokyo a adopté en mars 2001 un budget
de 8,6 millions de francs pour créer des programmes
d'interception et de surveillance.Il s'agit du dossier "Kari-no-mail",
logiciel "sniffer" dédié à
l'écoute des communications internet. Un appel d'offres
a été lancé en avril 2001 pour un coût
estimé à 500 000 francs l'unité. Une
première version doit être finalisée d'ici
septembre 2001, pour être installée chez les
FAI au printemps 2002.
Une
étroite coopération américano-japonaise
Takamizawa
Nobushige est devenu, en quelques années, l'une des
personnalités les plus marquantes de l'Agence de Défense
japonaise
(JDA). Il dirige actuellement la Division renseignement du
Bureau de Politique de défense de la JDA. Mais surtout,
il est au coeur de la redéfinition de l'alliance Japon-USA.
Déjà
en 1996, sous le gouvernement Hashimoto, il avait été
le rapporteur principal de la «Commission Higuchi»,
chargée de définir la nouvelle part que le Japon
devait prendre à sa politique de défense, qui
avait débouché sur le Projet de Programme de
Défense Nationale (National Defense Programme Outline),
rédigé par le même Takamizawa.
Nommé
directeur du Bureau des Opérations, il avait ensuite
évalué l'impact des forces nippones dans d'éventuels
conflits régionaux (avec la Corée du Nord ou
la Chine). Son passage à la National Defense University
du Pentagone que préside le vice-amiral Paul Gaffney,
a été décisif dans la définition
de la nouvelle politique japonaise. Les décideurs du
Pentagone comme ceux de la JDA estiment que la NDU, par son
système de stagiaires, est l'un des conduits principaux
des échanges stratégiques entre les deux pays.
A
la suite du 11 septembre 2001, Kanemoto Toshinori (ancien
président d'Interpol) est chargé de la coordination
du renseignement dans l'archipel ce qui le met en contact
direct avec les directions des services de renseignent américains.
Allié
ou victime?
Au
tableau de chasse des grandes oreilles, on compte Shin Kanemaru,
ex-parrain de la politique japonaise. Au milieu des années
90, les écoutes des communications à micro-ondes
ont permis aux américains d'apprendre qu'il cachait
chez lui des barres d'or et assez de liquidités pour
aider ses amis politiques
et acheter les autres.
Le
20 juin 2001 une délégation de plusieurs ONG
à déposé au Parlement une motion qui
s'articule autour de deux questions principales:
-
le Japon est-il intégré au système
Échelon en vertu du "Traité de Sécurité"?
-
le Japon est-il victime du système comme le déclarent
régulièrement des fonctionnaires du MOF et
du METI?
Sur ce
dernier point, des doutes existent sur l'origine des connaissances
américaines lors des négociations commerciales
sur l'automobile ou sur l'OMC ainsi que sur celle des révélations
sur les fonds secrets du ministère japonais des affaires
étrangères.
Ce climat
de suspicion est renforcé par la une d'un grand quotidien
japonais, le Mainichi Shimbun, qui a raconté dans son
édition du 26 juin comment la Nouvelle-Zélande
était la tête de pont d'Échelon en Asie
pour surveiller les diplomates japonais.
Puis,
dans un témoignage exclusif publié le 27 juin
2001 par ce même quotidien, le journaliste néo-zélandais
Nicky Hager affirme que les moyens d'interception de la NSA
ont été « ouvertement » utilisé
en secret pour des missions d'espionnage industriel contre
le Japon, et au bénéfice des États-Unis.
Selon
lui, le GCSB néo-zélandais (Government Communications
Security Bureau, l'équivalent de la NSA) espionnait
le Japon depuis sa base de Wellington jusqu'en 1989, en analysant
les données lui venant des stations d'écoute
"Sigint" américaines. Après 1990,
le bureau a créé une base à Waihopai,
non loin de la ville de Blenheim, recourant à un réseau
sophistiqué de recueil de données afin d'espionner
les transmissions des ambassades et consulats japonais. Après
traitement et traduction, des rapports parvenaient régulièrement
à la NSA.
Parmi
les documents secrets évoqués par le Mainichi,
figurent des rapports et des télégrammes diplomatiques
des missions et ambassades japonaises en Océanie, ainsi
que des informations secrètes sur le commerce, la pêche,
les négociations commerciales, le soutien aux pays
en voie de développement et les questions d'immigration.
Dans les années 80, Echelon a notamment intercepté
certaines communications concernant des négociations
gouvernementales japonaises au sujet du prix du charbon. Une
indiscrétion qui avait permis aux néo-zélandais
de conclure un accord favorable à leurs exportations
vers le Japon.
Coopération
UKUSA
L'
Agence Spatiale Japonaise (NASDA) et la societe australienne
Xantic, filiale de Telstra, ont signé un accord, le
16 octobre 2001,pour la construction de deux stations de controle
de satellite dans le Telstra International Telecommunications
Centre de Perth.
La
premiere station assurera les communications avec deux satellites
japonais a buts scientifiques et commerciaux. La seconde contribuera
a la securite de quatre satellites de renseignement dans leur
phase de lancement et de mise en orbite, puis elle sera demantelee.
Une
volonté d'autonomie...
Le
Japon a procédé au tir, le 28 mars 2003, d'une
fusée H-2A, porteuse des deux satellites espion entièrement
développés par des firmes locales et équipés
de senseurs optiques capables d'identifier des objets mesurant
moins d'un mètre.
Le
Japon, qui se considérait comme protégé
par le parapluie américain pendant les années
de guerre froide, a brutalement pris conscience de la nécessité
de capacités de défense plus autonomes lors
du tir en 1998 par la Corée du Nord d'un missile de
moyenne portée Taepodong qui avait survolé l'archipel
avant de tomber dans le Pacifique.
La
Corée du nord, qui a qualifié ces lancements
de satellites de "provocation", a tiré deux
missiles sol-mer en février et mars et est soupçonnée
d'avoir déployé une centaine de missiles de
type Rodong-1 d'une portée de 1.300 km et capables
d'atteindre l'ensemble du Japon.
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