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AVERTISSEMENT

Ce document provient du site du Figaro. Il date du 8 février 2003.

 

Downing Street accusé d'avoir recopié la thèse d'un étudiant américain

Downing Street a fait amende honorable vendredi, au lendemain de l'accusation de plagiat lancée par un étudiant américain, selon lequel Londres s'est servi de l'un de ses travaux pour affirmer que Bagdad possède des armes de destruction massive.

Dans un rapport rendu public lundi, le gouvernement britannique -principal allié des Etats-Unis dans la crise irakienne- affirmait que Bagdad possédait des armes de destruction massive et les dissimulait aux inspecteurs des Nations unies.

«Je voudrais attirer l'attention de mes collègues sur l'excellent dossier présenté par le Royaume-Uni, qui décrit en détails les activités de dissimulation irakiennes», avait déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain Colin Powell lors de son intervention devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Glen Rangwala, qui enseigne la politique à l'université de Cambridge, a cependant jeté un énorme pavé dans la mare en affirmant, jeudi soir à la chaîne de télévision Channel 4, que de 6 à 16 des 19 pages du «nouveau» rapport britannique avaient été recopiées mot pour mot dans la thèse d'Ibrahim al-Marashi, étudiant californien de troisième cycle.

Ycompris «les erreurs grammaticales et les fautes d'orthographe», a souligné l'enseignant.

«Nous avons tous des leçons à tirer» de cet incident, a reconnu vendredi un porte-parole de Downing Street, ajoutant qu'«il aurait dû être fait mention» de l'auteur de cette thèse.

Ala question de savoir si ces informations, vieilles de 12 ans puisque collectées peu après la guerre du Golfe, étaient encore d'actualité, un porte-parole de Downing Street a répondu par l'affirmative à l'AFP.

Ibrahim al-Marashi a précisé qu'il avait publié son étude en septembre 2002 dans la Middle East Review of International Affairs.

Il a expliqué s'être fondé sur des documents saisis par des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak en 1991 et sur des dossiers abandonnés par les Irakiens au Koweït après leur fuite.

«La moindre des choses que tout universitaire demande, lorsqu'on publie son travail, c'est d'être cité, a déclaré Ibrahim al-Marashi. Il y a des lois qui condamnent le plagiat et on est en droit de s'attendre à ce que le Royaume-Uni les respecte».

Certains observateurs -comme l'analyste politique Ian Dale sur Sky News vendredi matin- voient dans cette affaire un nouveau dérapage des «spin doctors» de Downing Street, ces spécialistes de la manipulation de l'information.

«Cela équivaut, en matière de renseignement, à être pris en train de voler les petites cuillères», a observé le porte-parole libéral-démocrate pour les Affaires étrangères, Menzies Campbell. «C'est très embarrassant pour un gouvernement qui tente de convaincre qu'il faut faire la guerre» à l'Irak.

«C'est un nouvel exemple de la façon dont le gouvernement tente de tromper le public et le parlement sur une éventuelle guerre contre l'Irak», a pour sa part déclaré l'actrice Glenda Jackson, députée travailliste pour Hampstead et Highgate (nord de Londres).

Cette gaffe n'aidera pas le Premier ministre Tony Blair à convaincre une opinion publique hostile à un conflit contre Bagdad sans l'aval de l'ONU.

Tony Blair a d'ailleurs pu se faire une idée de l'hostilité de ses compatriotes à une guerre non autorisée au préalable par l'ONU lors de l'émission télévisée Newsnight, jeudi soir sur la BBC.

Pendant près d'une heure, l'audience a critiqué son alignement sur Washington, l'un des participants le qualifiant de «vice-président» (de George W. Bush) et d'«honorable représentant de la circonscription du nord Texas».

Quelque 40.000 militaires britanniques sont en route pour le Golfe, avec notamment une quinzaine de navires conduits par le petit porte-avions Ark Royal et une centaine d'avions de combat.

Une importante manifestation contre la guerre est prévue à Londres le 15 février.


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