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AVERTISSEMENT

Ce document vient d'ici et portait comme indication "Les services spéciaux américains, d'après v. Harchetti, J.D. Marks, CIA, Munich 1976.); sources. "Panorama D.D.R."; Envoi de "Radio Berlin International" 12 avril 1989".

Les pratiques des services spéciaux américains

La ClA est en quelque sorte l'incarnation des services spéciaux américains et pourtant ce n'est qu'une partie et pas la plus importante des services d'espionnage et de contre-espionnage des Etats-Unis.

Considére-t-on les ressources financières et les effectifs, c'est la National Security Agengy, la "NSA" relevant du secrétariat d'Etat à la Défense, qui vient en tête. La différence avec la CIA, c'est que l'on n'en sait pratiquement rien, c'est le plus secret des services spéciaux américains.

II y a un peu plus de quinze ans, dans le sillage du scandale provoqué par l'affaire du Watergate, un voile s'était levé, retombé bien vite mais voici que l'on reparle beaucoup de la NSA, surtout en République Fédérale d'Allemagne, suite à la découverte d'un système de surveillance de toute les communications téléphoniques.

Et il ne s'agit que d'une petite partie seulement des activités de la NSA

A l'écoute des communications radio-télégraphiques

Tous les pays civilisés et démocratiques ont inscrit le secret des communications téléphoniques dans leurs Constitutions. Au même titre que le secret des communications postales, il ne peut être levé que dans des circonstances exceptionnelles, circonstances précisées explicitement par la loi. Or, comme l'a révélé le magazine de RFA Der Spiegel, la NSA ne s'en tient nullement à ce droit proclamé par la Constitution des Etats-Unis et va même jusqu'à violer la souveraineté d'autres Etats :

"Jamais encore dans l'histoire de l'humanité, une puissance n'est parvenue à mettre en place un tel système d'écoute de tout ce qui se dit dans le monde. " (Der Spiegel, Hambourg, n° 8, 1989.)

La densité est évidemment la plus grande en RFA et à Berlin Ouest.

Les milieux les plus informés considèrent qu'il s'y trouve plus de 350 antennes des services spéciaux améri-cains. Les services spéciaux ont des correspondants dans toutes les casernes et les dépôts d'armes, dans les aéroports et les agglomérations. Ils manipulent les équipements ultra-perfectionnés d'écoute, dirigés surtout en direction des Etats membres du Traité de Varsovie.

Les services d'écoutes de la NSA captent également les faisceaux directionnels de la poste de RFA qui retransmettent le tiers environ des communications téléphoniques.

La NSA intervient directement dans le réseau téléphonique de la RFA Les journalistes du Spiegel ont découvert à Francfort-sur-le-Main l'une de ces stations branchées directement sur le réseau téléphonique, Francfort- sur-le-Main qui est rappelons-le la plaque tournante des communications téléphoniques en RFA

"Le système est conçu pour capter toutes les informations transmises par satellite ou faisceau directionnel, par câbles de cuivre ou fibres optiques ou par réseau souterrain." (ibiden)

D'après les indications d'informateurs dont l'identité est tue dans l'article, la station, qui se trouve à proxi-mité de la gare centrale de Francfort et qui est protégée par d'épaisses portes blindées, gère une centaine d'ordinateurs. II suffit de taper sur le clavier le numéro de téléphone pour que l'écoute se nette automatique-ment en marche. Sur d'autres ordinateurs, il faut donner un numéro codé pour qu'ils enregistrent les conversa-tions.

De cette façon, il est possible d'intervenir partout, de surveiller les conversations des particuliers mais aussi les communications professionnelles, c'est-à-dire faire de l'espionnage industriel. A plusieurs reprises, les gestionnaires de firmes de RFA ont été étonnés de quelles informations détaillées disposaient leurs relations d'affaires aux Etats-Unis. Selon le Spiegel:

"La NSA surveille un nombre incalculable de communications de particuliers en RFA Les dossiers du Congrès américain établissent que l'on s'intéresse au même titre aux informations de nature économique qu'aux détails de la vie privée des personnalités de la vie publique ; on écoute aussi les conversations des particuliers impliqués dans "des actions de protestation contre leur gouvernement."

Les services spéciaux de la RFA profitent dans certaine mesure des écoutes téléphoniques des services américains.

Régulièrement l'office fédéral de protection de la Constitution à Cologne, dont la mission est la surveillance politique de la population ouest-allemande, et l'office fédéral de police de Wiesbaden, reçoivent communica-tion d'informations sur les "menés terroristes" et les "courants extrémistes", ce qui ne veut pas dire uniquement les activités politiques des forces démocratiques et de l'opposition en RFA. Grâce à cette aide d'une nature très spéciale, les services d'espionnage et la police de RFA accédant à des informations au mépris du secret des communications téléphoniques inscrit dans la Constitution.

La NSA a au moins neuf stations d'écoute des communications téléphoniques en RFA et à Berlin (ouest), qui échappent absolument à tout contrôle. La révélation des pratiques des services spéciaux du pays et de certaines puissances extérieures a provoqué un vif émoi en RFA Comme le gouvernement fédéral refuse de donner la moindre réponse à ces reproches et nie même qu'il y ait écoute téléphonique, le groupe S.P.D. au Bundestag a posé une grande question orale sur le fait que les services spéciaux des puissances occidentales alliées seraient habilités "à surveiller les communications postales et téléphoniques en Républi-que fédérale d'Allemagne, en particulier ouvrir les envois tombant sous le coup du secret des communications télex et à mémoriser les informations collectées de cette manière." (Neues Deutschland, Berlin, 10 mars 1989.)

Comme le gouvernement fédéral n'était pas disposé à donner des réponses précises, l'Union humanitaire a adressé une lettre ouverte au président fédéral, H. Richard von Weizsäcker pour lui demander de vérifier s'il était vrai que les services spéciaux américains de la NSA avaient violé les droits de l'homme en RFA. L'Union demandait du président de la RFA qu'il intervienne "pour interdire les atteintes aux droits de l'hom-me des citoyens de la République fédérale par les services spéciaux de puissances alliées" et disait que le président avait justement pour mission *de faire respecter la souveraineté de notre pays" et qu'il avait les moyens de parvenir "à une clarification complète de cette affaire" (Frankfurter Rundchau, Francfort-sur-le-Main, 30 mars 1989.)

La population de RFA attend jusqu'à aujourd'hui cette clarification complète.

Le système d'écoute

L'espionnage comme on l'entend traditionnellement repose sur l'activité des correspondants et résidents. La NSA elle, utilise des moyens et des méthodes tout autre, ce sont les équipements installés à terre, sur les navires, les satellites et les avions. Ses espions sont des techniciens des télécommunications et des informati-ciens.

La NSA a les moyens de capter les signaux électro-magnétiques : impulsions radar, signaux télégraphi-ques et communications téléphoniques pour en retirer les informations qu'elle juge utiles. On observe ainsi avec la même intensité les amis et les adversaires, encore que l'essentiel de cette activité soit concentré en direction de l'Union soviétique et des autres Etats du traité de Varsovie. Le territoire de la RFA joue dans ces activités un rôle particulier.

La République fédérale est le pays occidental le mieux adapté pour une écoute de l'adversaire à l'Est. (Der Spiegel, Hambourg, n° 8, 1989.)

Deux raisons au moins plaident pour ce système :

- premièrement: la position géographique de la RFA au point de contact du Traité de Varsovie et de l'O.T.A.N. A cela vient s'ajouter qu'aucun massif montagneux ne vient faire obstacle, ce qui permet une pénétration en profondeur jusque très loin en territoire soviétique.

- deuxièmement: le gouvernement de la RFA se montre extrêmement tolérant vis-à-vis des activités d'es-pionnage des services spéciaux étrangers sur son territoire et leur donne tous les moyens de pratiquer leurs activités à l'abri des regards indiscrets.

La NSA a au moins huit centre d'écoute le long de la frontière entre la RFA et la R.D.A. et à Berlin (Ouest), ceux à la frontière avec la Tchécoslovaquie, tous tournés contre le Traité de Varsovie. Neuf autres stations sont tournées vers l'Ouest, ce qui donne aux Etats-Unis la possibilité de surveiller pratiquement toute l'Europe. D'autres stations existent àHarrogate en Angleterre, à Edzelf en Ecosse et à Chypre.

La plupart sont dissimulées dans les forêts et protégées par plusieurs réseaux d'obstacles et sont des périmètres marqués par les panneaux "Restricting Areas Warning" ("Zone interdite Attention"). Tout y est interdit : photographier, prendre des notes écrites, établir des dessins, des cartes et des relevés topographiques. Tous les supports d'information de cette nature sont saisis. Les personnes contrevenant à ces dispositions sont passibles d'une peine "en vertu des lois des Etats-Unis et/ou de la République fédérale d'Allemagne".

Ceux qui ont pu observer de loin des stations, par exemple à Bad Gadling en Haute-Bavière, disent qu'il s'agit de gigantesques coupoles d'aluminium ou d'un immense réseau d'antennes de 300 mètres de longueur et d'une hauteur de 100 m pour les équipements de la plaine de Lech près de Gablingen, ou encore une série de pylônes d'acier comme sur la colline du Teufelsberq, à Berlin (Ouest).

Des missions différentes correspondent à ces différences de structure. La vocation exacte des différentes stations est un secret total.

On sait qu'il existe des stations identiques dans l'émirat d'Oman et dans le désert d'Australie centrale, non loin d'Alice Springs. Les spécialistes estiment à 4 000 le nombre des services d'écoute répartis sur les diffé-rents continents, principalement dans les bases de l'armée de terre, de l'aviation et sur les appareils de la Navy.

A cela viennent s'ajouter les satellites, les bâtiments et les avions d'espionnage et de reconnaissance qui transmettent les informations directement à la centrale de la NSA aux Etats-Unis dans les collines du Maryland, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Washington, ou bien au quartier général pour l'Europe à Francfort-sur-le-Main. Sur place, les informations sont traitées sur des ordinateurs qui établissent les dossiers et les mémorisent.

Les spécialistes de RFA donnent cette indication sur la place de la NSA parmi les services spéciaux américains:

"La CIA ne livre que 5% des informations utiles ; la NSA par contre 95%. A Berlin-Ouest par exemple il n'y a plus que 60 résidents de la CIA contre 600 pour la NSA" (Der Spiegel, Hambourg, N' 8, 1989.)

Formidable avance des techniques militaires

Le quartier général de la NSA est établi sur le périmètre de la base militaire de Fort Meade dans l'état du Maryland et il y a 186 000 m2 de bureaux, soit autant que le quartier général de la CIA et le Capitole réunis. La NSA dispose des systèmes informatiques les plus puissants et les plus évolués.

Le général Marshall Carter à l'époque directeur de la NSA, disait déjà à la fin des années soixante : "j'avais deux hectares et demi d'ordinateurs". Dix ans plus tard, on atteignait une surface deux fois plus grande et il faut estimer que les dix dernières années ont vu s'accroître considérablement les équipements, même si, compte tenu des progrès de la miniaturisation, la surface occupée ne s'est pas agrandie au même rythme.

La NSA fait travailler des centaines d'hommes parsi les meilleurs mathématiciens, techniciens et infor-maticiens des Etats-Unis.

La NSA entretient ses laboratoires à l'Université de Princeton (Etat de Hev Jersey). Les experts considèrent que la NSA est en avance de cinq ans au moins sur les techniques civiles.

La NSA commande pour des sommes astronomiques des ordinateurs à l'industrie et aux universités. Les laboratoires travaillent actuellement sur la mise au point d'un synthétiseur automatique de la parole capable de traduire et d'imprimer les conversations enregistrées.

La NSA fait valoir jalousement ses prérogatives quand apparaissent de nouvelles innovations en informa-tique théorique et appliquée et c'est elle qui décide si les travaux peuvent être poursuivis pour des fins civiles.

Les laboratoires "d'analyse de systèmes" de la NSA mettent au point eux-mêmes les équipements Electro-niques les plus perfectionnés . caméras, capteurs, microphones et amplificateurs ou effectuent les essais dans les laboratoires civils. La NSA réalise en particulier les capteurs pour la surveillance des routes maritimes, les photos aériennes et !es photos satellites, se charge de l'analyse et confectionne les équipements techniques pour la guerre des ondes acoustiques.

Grâce aux moyens financiers dont elle dispose, la NSA est toujours en avance sur le secteur civil, ce qui soit dit en passant réfute la thèse selon laquelle la recherche dans le secteur militaire est toujours payante pour le secteur civil. C'est le contraire qui est vrai. Conséquence du secret militaire, il n'est pas rare que certaines techniques soient bloquées pendant des années pour le secteur civil et l'industrie.

Un acte constitutif resté secret jusqu'à aujourd'hui

Le 24 octobre 1952, le Président Truman signait un texte de sept pages, dont le contenu est resté secret jusqu'à aujourd'hui. En droit américain, l'acte constitutif n'avait pas à être ratifié par le Congrès.

On savait qu'aux Etats-Unis et à l'extérieur, même si ce n'était pas dans les moindres détails, ce que font le F.B.P. (chargé du renseignement à l'intérieur) et la CIA (espionnage hors des frontières) mais il a fallu attendre octobre 1975 pour qu'on entende parler de la NSA quand le directeur, à l'époque le général Lew Allen, a été entendu par une sous-commission du Congrès sur les activités illégales des services spéciaux américains.

Au mépris du droit américain, mais avec l'assentiment des services de la justice et de la défense, la NSA avait espionné des milliers de ressortissants américains pour le compte du F.B.I. et de la C.l.A. : écoute de conversations téléphoniques, surveillance des télégrammes et des télex, lettres décachetées, itinéraires de dé-placement mis à jour. Des milliers de dossiers avaient été établis au nom des militants des droits civiques, des journalistes, des députés du Congrès, des personnalités de gauche qui, dans le pays qui se proclame le phare des libertés, avaient une opinion autre sur Cuba par exemple.

Les mesures d'investigation étaient encore plus poussées dans le cas des personnes soupçonnées de "menacer la sécurité nationale" parce qu'elles s'opposaient à la guerre du Vietnam. Des centaines de milliers d'êtres ont été ainsi espionnés. La CIA se servait de ces informations dans son opération "chaos" destinée à observer 300 000 adversaires de la guerre du Vietnam.

Le directeur de la NSA a promis devant la sous-commission parlementaire d'enquête que la NSA n'interviendrait plus qu'à l'extérieur et l'on a renoncé à une poursuite de l'enquête sur les activités illégales. Les procès intentés par certains opposants ne donnèrent aucun résultat. La NSA disparut dans l'anonymat et pourtant elle a enregistré le taux de croissance le plus fort de toute les institutions américaines durant les quinze dernières années.

Budget :

- en 1975, la NSA avait un budget de 1,2 milliard de dollars, contre 15 milliards de nos jours d'après les milieux informés, c'est-à-dire dix fois plus. Par comparaison, le budget de la ClA est passé durant la même période de 750 000 à 1,5 - 2 milliards de dollars, soit tout au plus un triplement.

Effectifs :

- les effectifs ont évolué dans des proportions comparables. Ils sont passés de 24 000 vers 1975 â 16 500 à 20 000 - 25 000 pour la ClA

Au quartier général de la NSA dans le Maryland vivent 35 000 hommes, derrière un réseau de protection redoutable fait d'une enceinte de trois mètres de hauteur. Sur place, le personnel trouve absolument tout ce dont il a besoin pour vivre.

On y trie les informations en provenance du monde entier pour faire la répartition entre ce qui ne présente aucun intérêt et les informations pertinentes. On y produit en moyenne annuelle 24 000 tonnes de documents ultra-confidentiels. Le stockage s'effectue ailleurs, par exemple dans des immeubles de l'aéroport international de Baltinore-Washington. Il s'agit surtout de support magnétiques, de photos et de dossiers. La destruction du matériel inutilisable est une opération encore plus délicate que le stockage. On traite chaque jour 40 tonnes de papier.

Quels sont les critères de sélection du personnel ? Les fonctionnaires de la NSA sont des personnes convaincues, qui ont passé des tests psychologiques et physiques. On retient surtout les candidatures de patriotes issus de familles établies depuis des générations aux Etats-Unis, qui idolâtrent leur pays et soupçonnent les autres d'avoir un pacte avec le malin.(Der Spiegel N° 8, 1989.)

Les noms des collaborateurs de la NSA sont tout aussi secret que l'institution elle même. Les ressources financières de la NSA sont dissimulées dans les budgets de plusieurs ministères.

La NSA relève du Pentagone et peut solliciter pour certaines opérations le concours de personnels militaires, sans qu'ils sachent toujours pour qui ils agissent. En principe, tous les soldats américains stationnés à l'étranger peuvent être chargés d'une mission pour le compte de la NSA, d'autant plus facilement que chacune des armes a elle-même son propre système d'espionnage.

Aucun autre pays n'a un tel système spécialisé et gigantesque d'espionnage et d'infornations, disposant de moyens financiers, techniques et humains de cette importance. Tout ceci pour se procurer des informations au mépris de la souveraineté des autres Etats et garantir à Washington un rôle politique, militaire et économique dirigeant dans le monde. La NSA est implantée dans 2 000 bases américaines disséminées dans le monde entier.

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