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AVERTISSEMENT

Ce document provient du journal "Le monde du Renseignement", Numéro 405, en date du 10 MAI 2001.

 

La place de la NSA en Europe

 

Depuis ce 25 avril, la célèbre plaisanterie qui consistait à traduire l’acronyme NSA par la formule “Never Say Anything” appartient définitivement au passé. Comme l’annonçait en exclusivité Le Monde du Renseignement dès le 8 février, les derniers documents de l’enquêteur James Bamford, sortis ce jour-là, révèlent des pans entiers de l’histoire de l’agence de renseignement souvent parfaitement inconnus. Un coup de maître.

Après avoir publié en 1982 Puzzle Palace : le premier livre à présenter globalement les activités de la NSA, Bamford réitère donc avec Body of Secrets (disponible aux Etats-Unis, ISBN: 0385499078), premier ouvrage du genre à énumérer très précisément les missions les plus importantes menées par la NSA au cours des trente dernières années. Ses descriptions s’appuient sur quantité de documents confidentiels, et sur plusieurs témoignages d’anciens officiers.

Alors que la Commission temporaire sur le système Echelon du Parlement européen se déplace cette semaine à Washington pour entendre des responsables politiques au sujet des écoutes effectuées par l’agence sur des décideurs européens, ces révélations fournissent quantité d’arguments à ceux qui souhaitent un large débat sur la portée des moyens de la NSA. A propos des types d’objectifs assignés à l’agence de renseignement, Bamford lève un tabou en confirmant l’existence d’opérations de surveillance sur des sociétés et des diplomates de pays alliés. Evoquant les tensions récurrentes entre la France et les Etats-Unis sur ces questions d’espionnage, il explique que les communications des membres de la diplomatie française sont régulièrement et rnassivement interceptées. Selon lui, dans les rapports d’écoutes de l’agence qui retranscrivent les communications, celles-ci sont désignées par les lettres FRD (pour French Diplomatie).

Au sujet des entreprises, Body Secret reconstitue les opérations exécutées par la NSA contre la firme Microturbo SA, installée à Toulouse, dans le sud-ouest de la France. Une société de haute technologie, spécialisée dans la conception de turbines à gaz de très faibles dimensions, généralement employées pour les missiles ou les drones. Les dirigeants de cette filiale de la Snecma ont été placés sous surveillance par la NSA de mai à novembre 1997. Pour les personnalités proches de l’agence interrogées par Bamford, cette opération s’expliquait par une vente de turbines à l’Iran réalisée par Microturbo dans les années 80, et destinée à équiper des missiles que Téhéran venait d’acquérir en Chine. Explication étonnante... Pour des écoutes diligentées dix ans après les faits censésles justifier. Pourtant, à la même époque, d’autres activités de Microturbo ne manquaient pas d’intéresser le Pentagone - donneur d’ordres de la NSA. Ainsi, entre mai et novernbre 1997, l’entreprise développait le système de propulsion du futur missile de croisière Scalp EC. Un engin novateur dont l’ensemble des composants dépend d’industriels européens, donc commercialisable à l’export sans négociations préalables avec des pays tiers.

Parmi les nombreuses autres révélations du document de James Bamford: les liens très particuliers de la NSA avec Cisco, leader mondial des systèmes de routage pour Internet. Le quartier général de Fort Meade considère en effet cet industriel comme une cible prioritaire, puisqu’il gère aujourd’hui la rnajeure partie des nœuds de communication (les routeurs) de la planète sur lesquels fonctionne l’lnternet.

A cet égard, le travail de l’agence consiste depuis plusieurs années à implanter et entretenir des systèmes de “reverse engineering”, c’est-àdire des dispositifs d’interception agissant directement au niveau de ces entonnoirs de communication que constituent les routeurs pour un pays ou un continent. Pour preuve des fortes relations de confiance existant entre la multinationale et l’agence étatique, Bamford cite le cas d’un ingénieur de Cisco, récemment recruté par la NSA comme conseiller senior, afin de coordonner le programme de modernisation de ses systèmes d’écoutes, répondant au nom de code de Project Trailblazert.

 

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